Bonjour à tous !
J'interviens jeudi 24 mars au soir à la cantine de Rennes sur le thème des "Nouvelles Technologies Démocratiques" (entrée gratuite) !
Voici en exclusivité mes slides:) En espérant vous y voir:)
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Posté par Alban le 23/03/2011 dans hacktivisme, nouvelle technologie politique, nouvelles technologies démocratiques, open data, open governement | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
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Note introductive: Le texte ci-dessous est le premier d'une série de cinq billets décrivant les nécessaires nouvelles technologies politiques, afin de créer une représentation démocratique interactive (et non pas une edemocratie ou un gov 2.0)
Ils sont tirés de mon ouvrage "Egocratie et Démocratie : La nécessité de Nouvelles Technologies Politiques". Bonne lecture !
En dernier lieu, la représentation interactive contribuera à augmenter la légitimité des actions étatiques, à condition de compléter quelques vides démocratiques actuels. La mécanique contributive doit notamment permettre le retour de la confiance (fides), qui cimentait historiquement la relation cliens/patronus. Faute de quoi la représentation se tiendra toujours dans une arène de cirque instable et sous-efficace. Cette confiance de la part des représentés passe par une bonne réputation des représentants. Cette dernière peut être augmentée par des procédures équitables et impartiales, dont Pierre Lascoumes, Michel Callon et Yannick Barthe dressent les contours : « Que chaque groupe ait pu exprimer son point de vue, que chaque groupe puisse constater que son point de vue a été pris en considération et discuté, et que, in fine, les mesures prises ont été décidées de manière impartiale, voilà quelques-uns des éléments qui, lorsqu’ils sont présents, produisent chez les acteurs concernés la conviction que la décision est juste. »[1] L’impartialité peut être simplement renforcée en autorisant un accès plus direct aux « back-offices » des procédures, c’est-à-dire en donnant des outils de contrôle directs ou indirects aux citoyens. Dans cet esprit, les Anglais ont adopté en 2005 le Freedom of Information Act, sur le modèle de celui en vigueur aux États-Unis depuis des décennies. Il permet de contraindre une administration à diffuser publiquement des documents qu’elle a en sa possession, si le secret défense ne s’y oppose pas. Cette loi présente ainsi un double impact sur l’impartialité de l’ensemble : les administrations font plus attention au respect des règles, et les citoyens, même s’ils ne font pas appel à la loi, sont rassurés de savoir que ce garde-fou existe.
Il convient également de rajouter aux procédures consultatives actuelles un moyen démocratique d’objectivation de l’impartialité de la procédure, potentiellement sous forme de jurys citoyens[2], ou bien via la cooptation de citoyens particulièrement actifs et concernés par le sujet, ayant acquis une bonne réputation auprès de tous. La règle du 1 % s’applique alors à nouveau, permettant une représentation interactive efficace avec l’aide de la participation à la procédure d’une niche de citoyens, génératrice de légitimité vis-à-vis de tous : « Les mêmes travaux sociologiques ont enfin mis en évidence que lorsque le fair effect process[3], produit par des procédures données, existe pour les groupes concernés par la décision, alors il s’étend naturellement aux groupes non concernés, éventuellement non impliqués dans la délibération ou la consultation. »[4] Les auteurs illustrent ensuite de manière didactique ce résultat de recherche : « Si les agriculteurs de la Meuse se battent pour la réouverture du dossier de l’enfouissement des déchets nucléaires, si les malades atteints du SIDA qui participent à un protocole d’essai thérapeutique estiment que les décisions les concernant sont justes, alors tous ceux qui ne sont pas directement impliqués auront tendance à partager cette évaluation. »[5]
L’attention à la particularité permet dans ce cas de légitimer auprès de tous la généralisation des conclusions. Dès lors, une politique durable peut être mise en place, se libérant de la tyrannie de la satisfaction court-termiste de besoins exprimés plus ou moins distinctement par l’opinion publique. En effet, cette procédure permet de renforcer la réputation des représentants, la confiance dans leurs décisions, et la légitimité des réformes dont les bienfaits se feront sentir à plus long terme.
Enfin, les interactions multiples avec les individus concernés permettent de matérialiser l’appartenance à un peuple souverain, donnant une consistance à la citoyenneté dans l’intermittence du suffrage universel. L’estime de soi se trouve également renforcée lorsque l’on a été écouté et entendu de manière respectueuse par les instances représentatives. Dès lors, un cercle vertueux se met en place entre l’affirmation positive de soi, via la reconnaissance individuelle apportée par l’interaction, et le renforcement de la légitimité de l’instance représentative qui a mis sur pied cette consultation. Cette corrélation positive est au cœur du modèle de psychologie relationnelle, qui permet de comprendre « pourquoi une personne peut respecter une autorité et la ressentir comme vraiment légitime, alors même qu’elle a pu prendre une décision défavorable à son égard ». L’interaction avec les représentants, via des procédures connues de tous, est donc la solution pour renouer le lien (fides) entre représentants et représentés, et éviter la transformation du citoyen en consommateur politique.
[1] (364) Michel Callon, Pierre Lascoumes, Yannick Barthe, op. cit., p. 332-333.
[2] (365) Yves Sintomer, op. cit.
[3] (366) Pour Michel Callon, Pierre Lascoumes, Yannick Barthe, cette expression désigne « le mécanisme par lequel les acteurs deviennent convaincus qu’une décision est équitable. Ce mécanisme, qui relève de la psychologie sociale, a fait l’objet de travaux empiriques qui ont permis d’en identifier les ressorts », op. cit., p. 331.
[4] (367) Op. cit., p. 332.
[5] (368) Ibid.
Posté par Alban le 06/12/2010 dans egocratie et democratie, nouvelle technologie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Note introductive: Le texte ci-dessous est le premier d'une série de cinq billets décrivant les nécessaires nouvelles technologies politiques, afin de créer une représentation démocratique interactive (et non pas une edemocratie ou un gov 2.0)
Ils sont tirés de mon ouvrage "Egocratie et Démocratie : La nécessité de Nouvelles Technologies Politiques". Bonne lecture !
"En second lieu, l’utilité de l’action des représentants peut être renforcée en accordant plus de place et de visibilité aux actions des individus et à leurs conséquences sur la collectivité. En effet, le manque de mise en perspective globale engendre le syndrome NIMBY (Not In My Back Yard, « pas dans mon arrière-cour »[1]) lors de consultations publiques ou de sensibilisation à des problèmes de société. Souvent, les individus sont convaincus du bien-fondé d’une action collective, mais pensent qu’elle ne s’applique pas à leur cas[2]. Dès lors, l’efficience d’actions pour des causes nationales, des questions d’utilité publique, voire le respect de certaines règles communes, décroît à mesure que ce syndrome s’étend. Or, des dispositifs semi-participatifs permettent d’enclencher un cercle vertueux. L’élément le plus important de ces dispositifs interactifs est la possibilité pour un individu de disposer d’un retour d’impact de son action personnelle sur le groupe. Rendre visible l’appartenance à un tout qui œuvre dans la même direction augmente l’utilité des actions entreprises par les représentants et leur exécution par les représentés.
Ce phénomène trouve sa justification dans des recherches plus ou moins récentes. Par exemple, dans le Minnesota aux États-Unis, les services fiscaux ont expérimenté quatre méthodes pour lutter contre les fausses déclarations. Un premier groupe de contribuables a reçu une plaquette expliquant à quoi servait l’argent prélevé. Un deuxième groupe s’est vu rappeler la peine encourue en cas de fraude fiscale. Un troisième groupe a reçu un imprimé expliquant comment obtenir de l’aide pour remplir sa déclaration. Enfin, le dernier groupe s’est vu rappeler que 90 % des contribuables du Minnesota étaient en règle avec leurs obligations de déclaration. Il en ressort que seule la dernière intervention s’est révélée efficace pour diminuer la fraude. La mise en perspective collective de l’action personnelle a eu pour effet de rendre socialement illicite l’action, en la marginalisant, amplifiant un cercle vertueux déjà bien engagé[3]. De même, à San Marcos en Californie, la facture d’électricité a été jointe à une note détaillant la consommation du voisinage, afin de permettre aux clients de se situer par rapport au groupe. Ceux qui consommaient plus que la moyenne ont largement réduit leur consommation[4].
Des dispositifs de contributions en ligne permettent de rendre encore plus sensible, en temps réel[5], l’impact de son action personnelle, ainsi que son intégration dans un collectif allant dans la même direction au même moment[6]. L’avantage en rendant cette participation sensible est la mise en avant des bonnes volontés ayant accepté de participer à l’enrichissement du bien commun[7]. Une portée humaine plus générale, donc un sens éthique nouveau, est alors appropriable directement par le citoyen via son action personnelle. Il coproduit directement de manière sensible la volonté générale, comme transcendance de sa volonté personnelle[8].
Cette utilité accrue des lois, des causes, de la fonction même de représentant, passe donc de manière paradoxale par une mise en situation symbolique du gouverné dans le fauteuil du gouvernant. En effet, la place habituelle permettant de prendre de la hauteur pour contempler les conséquences d’une action dans sa globalité est à chercher plutôt du côté du représentant que du représenté. Cette vision devient partagée, et donne donc un nouveau sens à l’action publique, laissant le citoyen se positionner à la fois comme acteur et contemplateur. La représentation interactive doit œuvrer dans cette direction. Pourtant nombreux sont les actes du quotidien dont les citoyens ont oublié la portée collective, surtout lorsque les instances représentatives s’approprient toute vision globale, et déshumanisent ou décollectivisent les actions personnelles. Alors que l’échange, la transmission, et plus généralement, le don sont des actions sociales riches de sens et de symboliques pour souder un collectif plus ou moins élargi.
Les impôts et les mécanismes de reversement sociaux contemporains ne seraient pas si éloignés du « potlatch »[9] des tribus primitives, s’ils permettaient une forme d’interactivité ou de liberté de choix préétablie. L’augmentation du traitement informatisé de l’impôt, et des flux financiers étatiques, permet aujourd’hui une traçabilité qui était impensable auparavant à l’échelle d’un territoire comme la France. Dès lors, personnaliser la solidarité que représente la contribution à l’impôt, en indiquant le plus précisément possible à quel pourcentage de quel édifice public ou de quelle action sociale une partie du prélèvement va servir, ne peut qu’aider à augmenter l’utilité personnelle de cette action collective. Pouvoir constater le plus concrètement possible l’impact de sa solidarité encourage son acceptation, responsabilise vis-à-vis des actions ou édifices publics, et augmente les bénéfices éthiques alors devenus appropriables.
Une marge de manœuvre marginale pourrait même être laissée sur une partie plus ou moins grande des prélèvements. D’un côté, la responsabilisation apportée par ce choix redonne symboliquement du sens personnel et collectif à la solidarité. De l’autre, la conséquence de cet acte, le fait de pouvoir s’en attribuer une partie, de le voir plus ou moins s’incarner, est indissociable de la satisfaction apportée par le prélèvement, et plus généralement le don. L’expérience montre que sans un merci, un sourire, ou une reconnaissance, la satisfaction de faire un cadeau diminue et les donateurs réduisent en conséquence leur générosité.
Par ce processus, les citoyens deviennent redevables les uns vis-à-vis des autres. La vie collective prend une autre dimension, car l’autre, souvent méconnu, se met à exister dans un cadre positif pour toutes les parties prenantes de cette solidarité. Les flux ne sont plus symboliquement intermédiés par une boîte opaque froide constituée par l’État, qui ne peut que diminuer l’intérêt et la portée éthique d’une solidarité ainsi anonymisée, quand elle arrive à destination. Sinon, le don se transforme en dû, les bâtiments et autres actions publics sont désincarnés et se détériorent sans pouvoir en sentir la conséquence directe. La réflexivité apportée par l’hybridation de la représentation vient corriger ces défauts[10], grâce à une visibilité démocratique accrue, plutôt qu’une transparence destinée à désincarner les représentants.
D’autres expérimentations destinées à favoriser l’appropriation de lieux ou espaces publics par les habitants aboutissent selon moi aux mêmes résultats d’utilité. Les équipes de La Ruche à Rennes ont ainsi bâti un dispositif permettant aux habitants de partager leurs souvenirs associés à des lieux de la ville. Il s’agit « d’imprimer » sur le sol de la ville des citations d’habitants à l’aide d’un nettoyeur à haute pression, à l’endroit même où le souvenir s’était créé quelques années auparavant. En guise de signature, la mention « www.ruche.org » renvoie au site internet du réseau social sur lequel les citations ont été reproduites dans leur intégralité. Les internautes sont invités à les commenter ou les compléter de leurs propres souvenirs, les plus appréciés étant à leur tour imprimés. Le vécu du lieu public devient donc sensible, abritant non plus seulement des corps anonymes, mais des subjectivités ouvertes et humaines. Enfin, ce dispositif en partie virtuel prend toute sa valeur à mesure qu’il est utilisé, tandis qu’un lieu public se dégrade au fur et à mesure de son usage."
[1] (330) Il s’agit d’une position éthique et politique consistant à tolérer aucune nuisance dans son environnement proche. L’acronyme permet souvent de désigner l’attitude de personnes favorables à une technologie moderne, mais qui refusent d’en subir les nuisances liées aux infrastructures nécessaires à son installation dans leur environnement proche.
[2] (331) Loïc Blondiaux, op. cit., p. 26-27.
[3] (332) Des expériences du même type ont été menées dans le Montana pour lutter contre l’abus d’alcool et le tabagisme, avec le même résultat. Les autorités ont lancé une campagne de communication avec des slogans qui informaient sur les pratiques majoritaires : « 81 % des étudiants du Montana boivent moins de quatre verres d’alcool par semaine » ; « 70 % des adolescents du Montana ne fument pas. » Ces campagnes se sont révélées efficaces. Richard Thaler et Cass Sunstein, Nudge. Improving Decisions About Health, Wealth, and Happiness, Yale University Press, 2008, étudiés par Pierre-Yves Cusset dans l’article intitulé « Petit traité de manipulation bienveillante », Débat&Co, 3 avril 2009 (www.debateco.fr/71%2C1091/20090403-societal-cusste-livres-idees-thaler-sustein-nudge-manipulation-economie-comportement.html).
[4] (333) Malheureusement, ceux qui sous-consommaient ont également changé leur consommation en consommant plus. Pour faire disparaître cet effet négatif, figurait alors sur la facture, en plus de l’information précédente, l’émoticône :-) si la consommation était inférieure à la moyenne et :-( si elle était supérieure. La baisse de consommation des gros consommateurs a continué, et l’augmentation de consommation des petits consommateurs ne s’est plus produite. Op. cit.
[5] (334) On peut citer par exemple le compteur de dons du téléthon à la télévision et sur le site internet, qui s’actualise en temps réel.
[6] (335) Voir comment le site My Barack Obama (http://my.barackobama.com) a proposé différents outils de classement pendant la campagne présidentielle américaine de 2008, évoluant en temps réel en fonction de l’implication et des résultats des militants. Ils positionnaient leurs contributions les unes par rapport aux autres pour les motiver à faire encore plus d’efforts et donner plus de leur temps.
[7] (336) Les personnes préférant leur confort personnel, facteur de démotivation, sont par construction exclues du système.
[8] (337) « Il y a bien souvent de la différence entre la volonté de tous et la volonté générale ; celle-ci ne regarde qu’à l’intérêt commun, l’autre regarde à l’intérêt privé, et ce n’est qu’une somme de volontés particulières », Jen-Jacques Rousseau, op. cit., p. 64.
[9] (338) Marcel Mauss, Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, PUF, 2007 (1925). Le potlach est un système de dons et de contre-dons à la racine de la cohésion des tribus primitives, faisant que le présent reçu est obligatoirement rendu.
[10] (339) Beth Simone Noveck, Wiki Government. How Technology Can Make Government Better, Democracy Stronger, and Citizens More Powerful, Brookings Institution, 2009.
Posté par Alban le 15/11/2010 dans egocratie et democratie, nouvelle technologie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Note introductive: Le texte ci-dessous est le premier d'une série de cinq billets décrivant les nécessaires nouvelles technologies politiques, afin de créer une représentation démocratique interactive (et non pas une edemocratie ou un gov 2.0)
Ils sont tirés de mon ouvrage "Egocratie et Démocratie : La nécessité de Nouvelles Technologies Politiques". Bonne lecture !
"En premier lieu, il manque aujourd’hui plusieurs éléments pour profiter de l’agilité[1] apportée par la représentation interactive. D’une part, les moyens d’intégration de l’opinion publique par les représentants sont trop parcellaires et biaisés pour apporter réellement de l’agilité. Les sondages aux questions fermées, ou les revues de presse filtrées ne peuvent laisser place à la captation de « signaux faibles ». D’autre part, les processus de délibérations, de décisions, et d’implémentations de la volonté générale qui en découlent sont dans certains cas bien trop complexes et longs par rapport à l’enjeu. Dès lors, il convient de combler ces défauts par deux éléments démocratiques, afin de tirer parti de l’alchimie des multitudes.
Tout d’abord, certains champs d’activité caractérisés par leur impact sociétal de plus en plus fort, tels que les nanotechnologies, les biotechnologies ou l’écologie, devraient faire l’objet d’une veille spécifique de la part des représentants en charge de ces questions. En plus du suivi de colloques et autres sources d’informations officielles, les témoignages, les retours d’expériences individuelles, les vécus sont aussi à suivre spécifiquement via les outils de veille déjà largement déployés dans le secteur privé. De la même manière, les innovations en provenance des autres pays, dont les impacts sociétaux ne peuvent s’arrêter aux frontières d’un pays (comme les nouvelles technologies de communication), nécessitent également une granularité de suivi bien plus fine que pour d’autres sujets.
La volatilité de l’opinion publique et l’égocratie gagneront en lisibilité en fonctionnant sur un mode de palier. Un canal démocratique et transparent à destination de tous les citoyens, fondé sur différents paliers sur le modèle du seuil de soixante députés minimum pour saisir le conseil constitutionnel[2], permettra de fonctionner comme un système direct d’alerte[3]. L’improvisation et les jeux d’influence, plus proches du lobbying personnel que de la conversion d’une opinion publique à une cause, auront ainsi un outil pour les contrebalancer. Car l’agilité passe également par la possibilité de refuser démocratiquement la satisfaction immédiate de besoins plus ou moins médiatiques, s’ils sont injustifiés du point de vue de l’intérêt commun. Comme l’explique Pierre Rosanvallon : « La construction d’une histoire ainsi que la gestion du présent impliquent d’articuler des rapports très différents au temps social. Temps vigilants de la mémoire, temps long de la constitution, temps limité à une mandature de l’action parlementaire, temps court de l’opinion doivent se confronter et s’ajuster en permanence pour donner consistance à l’idéal démocratique. »[4]
De nouvelles procédures doivent être mises sur pied afin d’améliorer les réponses apportées à ces signaux faibles. La délibération ne peut être de la même nature pour un fait longuement mûri et stabilisé dans son expression que pour les sujets plus incertains définis ci-dessus. Une procédure délibérative intermédiaire et plus agile doit permettre d’agir par itération. Dans ce cas, « le débat ne prépare pas des décisions tranchées qui instaurent un avant et un après et qui permettent de se débarrasser une bonne fois pour toutes du passé. Il est fait d’une multitude de microdécisions, dont aucune, prise individuellement, n’est irréversible et qui pourtant finissent par tisser une trame robuste, au fur et à mesure que le débat mûrit et que les apprentissages progressent. »[5] Des économies de temps, d’argent et de moyens seraient apportées par une telle procédure itérative sur des questions mouvantes. Dans de telles conditions, la notion de risque et de principe de précaution est à redéfinir conjointement avec les individus concernés[6]. De tels processus favorisent la responsabilisation des citoyens, à qui on explique les risques tout en leur permettant des choix éclairés."
[1] (324) Face à des facteurs exogènes et endogènes de plus en plus volatiles et incertains.
[2] (325) Ou sur le modèle du site officiel de pétition anglais : http://petitions.number10.gov.uk/ où toute pétition recevant plus de 500 signatures en ligne reçoit une réponse d’un membre de l’administration anglaise.
[3] (326) Voir par exemple le site web mis en place par la RATP : https://www.vous-et-la-ratp.net/
[4] (327) Pierre Rosanvallon, op. cit., p. 210.
[5] (328) Michel Callon, Pierre Lascoumes, Yannick Barthe, op. cit., p. 262.
[6] (329) Op. cit., notamment le chapitre VI « L’action mesurée, ou comment décider sans trancher ? », p. 263 à 308. Les auteurs y expliquent comment les parties prenantes peuvent accepter de supporter un risque supplémentaire dans le cas d’un coopération entre « laboratoire confiné » et « laboratoire de plein air ».
Posté par Alban le 10/11/2010 dans egocratie et democratie, nouvelle technologie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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