Voici la captation intégrale (18 minutes) de cette intervention sur la "démocratie augmentée", c'est à dire comment utiliser les médias sociaux pour rendre la démocratie française plus démocratique:)
On y parle Hadopi, cumul des mandats, forums en ligne, débat identité nationale, accordéon, et lune de miel entre les électeurs et leur président !
Enjoy ! les slides présentés sont aussi ci-dessous
Bon, je vais débuter le 1er mars un véritable tour de France de la "edémocratie", qui va m'emmener de Pau (01/03) à Rennes (24/03), en passant par la Rochelle (17/03), Marseille (30/03) et bien sûr Paris (31/03) !
J'essaierai de partager avec vous régulièrement mes présentations et autres captures vidéos le cas échéant.
Mardi prochain donc je serai à Pau pour discuter de "l'impact d'internet sur la société". Vous trouverez ci-dessous mes slides (61) à télécharger sur slideshare.
Voici le pitch: Internet et les medias dit "sociaux", cumulés à une tertiarisation de l'économie, ont profondément bousculé les frontières de l'entreprise. Le salarié produit de la valeur hors du système marchand en appliquant ses connaissances professionnelles à d'autres domaines ; des amateurs démonétisent des pans industriels entiers avec des activités souvent bénévoles. Le secteur industriel n'est pas le seul impacté, internet bouleverse en profondeur la manière de créer du collectif et de mobiliser ses semblables, en abaissant les coûts d'organisation. Nous ne faisons qu'en apercevoir actuellement les impacts sur la démocratie représentative...
Le Social Media Club France (dont votre serviteur est co-fondateur) organise le 12 janvier 2010 à 19h00 un atelier-conférence sur le thème suivant : Médias sociaux et représentation démocratique, un imaginaire de transparence et de démocratie directe ?
En effet, nous pensons que la représentation démocratique doit évoluer à l’heure des médias sociaux ; Sinon,elle risque de se transformer en représentation théâtrale dans une arène de cirque. Il s’agira de penser les réels apports des « amateurs de la démocratie » au métier de représentant démocratique ; notamment face aux imaginaires fondateurs d’internet, ou encore aux raccourcis intellectuels confortables que constituent les expressions de « démocratie participative » ou « démocratie numérique ».
A cette fin, Le Social Media Club propose de réunir à la fois des experts des imaginaires démocratiques d’internet, des nouvelles technologies politiques, ainsi que des représentants démocratiques pour discuter de cette perspective. Intervenants :
* Dominique Cardon, chercheur au laboratoire Tech-Sense d’Orange et auteur de « La démocratie internet »
* Patrice Flichy, Professeur de sociologie à l’université Paris-Est Marne-La-Vallée et auteur de « Le sacre de l’amateur »
* Votre serviteur, Maître de conférence associé au celsa ParisIV Sorbonne et auteur de « Egocratie et Démocratie : la nécessité de Nouvelles Technologies Politiques »
* Geoffroy Boulard, adjoint au maire du 17ème arrondissement
* Philippe Mouricou, conseiller d’arrondissement, élu du XVème
La conférence sera suivie d’un cocktail. RDV le mercredi 12 janvier à 19h00 à La Cantine (lacantine.org) Adresse : 151 rue Montmartre, Passage des Panoramas, 12 Galerie Montmartre, 75002 Paris. Les inscriptions se font sur Moxity (5 euros avec le mot de passe SMC1201 )
Découvrez avec un peu d'avance ma présentation, qui fera le lien entre une vision du web démocratique du point de vue du citoyen, et celle du point de vue du représentant:)
Je propose de vous en relater les points les plus remarquables.
Tout d'abord, l'auteur décrit la manière dont un mouvement de protestation contre la ségrégation aux Etats-Unis a démarré un soir de 1 février 1960 à Greensboro, en Caroline du Nord : quatre étudiants noirs américains font un pari et décident de s’asseoir dans un bar dans les places réservées aux blancs. Ils attirent ainsi l'attention de quelques badaux et d'un photographe, tout en se faisant au mieux traiter de stupide. Le lendemain, ils sont 27 hommes et 4 femmes, en provenance du même dortoir de la même école à défier la ségrégation dont ils sont victimes. Puis 80 le jour d'après, puis 300, puis 600 en quelques jours. Au bout de 7 jours, ces "sit-in" s'étendent jusqu'à 50 miles du lieu d'origine, pour à la fin du mois, de campus en campus et d'Etat en Etat, atteindre le Texas. Malcolm insiste notamment sur la "fièvre" qui s'empare des étudiants et de la population participant à ces sit-in : "It was like a fever. Everyone wanted to go".
Cet exemple sert de fil rouge à l'article pour expliquer les limites des medias sociaux actuels pour générer une telle forme d'activisme et de mobilisation. Il déconstruit tout d'abord le mythe de l'apport de twitter aux protestations aux élections iraniennes de 2009. Il explique ainsi que les journalistes occidentaux ne pouvant joindre les iraniens, ils se sont concentrés sur le hashtag "iranelection". Il lui apparaît peut probable que des individus iraniens cherchant à se coordonner localement écrivent en anglais plutôt qu'en Farsi.
Il explique également que les sit-in de Greensboro se sont formés d'abord via une communauté de semblable (étudiants logeant au même dortoir), qui fomentaient depuis un certain temps une action. Cette dernière n'a rien eu de spontané, y compris quand elle a commencé à s'étendre. De forts liens et échanges pré-existaient entre manifestants. Dans la même déduction, les terroristes-activistes des Brigades rouges italiennes des années 70 étaient composées à 70% d'individus ayant au moins un bon ami enrolé.
Ce point est crucial pour Gladwell qui indique que les medias sociaux sont basés sur des liens faibles, et ne permettent donc pas vraiment de servir de support à l'activisme naissant. Pour lui, ils sont efficaces pour les actions peu risquées, ne nécessitant pas d'affronter des normes sociales pré-établies. Ils baissent la barrière à l'entrée à la participation : "Facebook activism succeeds not by motivating people to make a real sacrifice but by motivating them to do the things that people do when they are not motivated enough to make real sacrifice". Exemple: les 1 282 339 membres du groupe facebook "Save Darfur Coalition", qui ont donné en moyenne 9 cents.
Seconde limite des medias sociaux selon l'auteur, ils fonctionnent en réseau, et non pas avec une structure hiérarchique. Or il y a plusieurs choses que les réseaux ne font pas bien : atteindre un consensus, arbitrer des querelles, penser stratégiquement, construire une structure puissante. Pour étayer son propos, l'auteur indique que les organisations terroristes privées de leurs leaders hiérarchiques sont nettement moins efficaces. Les réseaux sont peu ordonnés "think of the ceaseless parttern of correction of revision, amendment and debate, that characterizes wikipedia. If Martin Luther King had tried to do a wiki-boycott in Montgomery, he would have been steamrollered by the white power structure." Gladwell termine son article en déconstruisant également quelques unes des théories de Clay Shirky sur l'apport des medias sociaux dans l'organisation des communautés, les cornérisant à la recherche d'un téléphone portable volé plutôt qu'à un réel activisme politique.
Afin de se faire une contre-opinion, regardez justement les théories de Clay Shirky, auteur de "Here comes everybody : the power of organizing without organisation"
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