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En cette période électorale, il est de bon ton de s'interroger sur la place d'internet dans la démocratie, et ce qu'il nous faudrait pour que la e-démocratie gagne enfin ses lettres de noblesse en France. Je partage donc ci-dessous l'entretien que j'ai réalisé avec une étudiante dans le cadre de son mémoire de recherche sur le sujet. Et vous, pensez-vous que le quinquennat qui vient va changer les choses?
Entretien :
Pourquoi avoir écrit « Egocratie et Démocratie » ?
Après avoir traité de chamboulement du secteur culturel à l’arrivée d’internet (2004-2010), il me semblait naturel d’étendre le champs de recherche à la politique. La culture est souvent à l’avant-garde des changements sociétaux. Peer to Peer, gratuité, cocréation, web2 sont porteurs de valeurs potentiellement politiques dépassant le champs de la musique ou du cinéma en ligne
Les internautes sont de plus en plus actifs sur internet et sur les différents médias sociaux, mais le sont-ils autant lorsqu’il s’agit de politique ?
Si l’activité en ligne c’est liker, contribuer, ou commenter, je vous renvoie à « l’activité » sur les sites d’actualité (lemonde, le figaro, libé, rue89 etc), aux nombres de visites sur les sites en .gouv.fr, aux nombres de likes de pages d’association ou de causes etc
Pourriez-vous me donner un/des exemples concrets de nouvelles technologies politiques ?
L’open data est une innovation qui peut devenir une nouvelle technologie politique, permettant aux représentants de se légitimer en rendant/publiant des comptes régulièrement, et qu’augmentant leur connaissance d’un sujet, autrement qu’en organisant des commissions parlementaires
A qui seraient principalement destinées ces nouvelles technologies?
Elles sont destinées principalement aux représentants du peuple élus démocratiquement. L’idée est d’outiller notre démocratie (indirecte je vous le rappelle) pour augmenter l’efficacité de nos dirigeants dans l’exercice de leur mandat. Ces technologies sont étroitement liées à la vitalité de l’espace public, qui lui, est à la main des « citoyens »
Comment faire pour que ces nouvelles technologies soient utilisées par le plus grand nombre et pas uniquement par des « experts » ou par des personnes ayant une certaine connaissance de la politique ?
Je propose la création d’un ministère transverse de la « participation citoyenne », ayant pour objectif de favoriser l’investissement de tous les ministères en matière de e-démocratie, et également celui du citoyen dans la vie politique, entre deux temps forts électoraux.
Pensez-vous que la participation des citoyens à ces nouvelles technologies peut être importante ?
Je l’espère, mais elle n’est pas nécessaire (cf point 2). Ils réalisent déjà suffisamment « d’actes politiques » au quotidien à décoder pour ne pas avoir besoin d’un grand nombre d’activistes « dédiés ».
Pourrions-nous parler de « nouvelle » citoyenneté ?
Il s’agit plutôt d’un nouveau dynamisme de l’ « espace public », qui connait une mutation comme jamais depuis l’après-guerre. La 5ème république nécessite une importante mise à jour selon moi pour remettre nos représentants en phase avec lui.
Comment définiriez-vous cette nouvelle citoyenneté ?
La nouvelle citoyenneté que vous semblez appeler de vos vœux se caractérise par l’ajout, dans l’espace public, de propos privés ou à simple portée personelle, mais qui se retrouvent diffusés publiquement (de manière volontaire ou non) sur la toile ; les médias sociaux étant ce qu’ils sont, ces propos singuliers peuvent parfois se retrouver avec une portée globalisante ou universalisante inattendue.
L’abaissement de la barrière à l’entrée pour les actes d’activisme (soutenir une cause, une association, adhérer à un mouvement, en faire la promotion) via les réseaux sociaux ajoute également une palette d’actions nouvelles au citoyen militant
Ne faudrait-il pas éduquer ou accompagner les enfants/étudiants dans cette nouvelle « citoyenneté » ?
Si déjà les cours d’éducation civique étaient mieux expliqués, et bien transmis, ça serait déjà pas mal… On ne peut exiger plus d’un citoyen en démocratie indirecte que d’aller voter en étant éclairé sur son choix. Chacun est libre alors d’interpréter ce qu’il faut faire pour être « éclairé ». Si on veut aller plus loin, il faut résoudre la question de mise à jour de la 5ème republique
Les citoyens font de moins en moins confiances aux politiques de nos jours :Les nouvelles technologies politiques pourraient-elles redonner confiance ? En quoi pourraient-elles ?
Elles pourraient d’une part permettre :
- aux représentants de ne plus avoir peur de l’espace public numérique, d’en faire une composante à part entière de leur « gouvernance »
- aux citoyens de (re)découvrir les autres citoyens qui composent la France, avec les avantages d’internet (anonymat, visibilité réduite de caractères potentiellement discriminant ou nourrissant d’éventuels préjugés etc)
- Aux citoyens et représentants de découvrir l’avis de l’autre de manière moins figée que le sont les sondages, fléaux des temps modernes
La participation en ligne des citoyens est souvent importante au moment des élections puis elle diminue fortement, comment expliquez-vous cela ?
Existe-t-il une réelle volonté politique d’en appeler à l’avis des citoyens via les circuits constitutionnels ? référendums, commissions etc… regardez l’état de « www.forums.gouv.fr », c’est pitoyable. Faute de quoi la participation en ligne a quand meme lieu, mais sous une forme de pression beaucoup plus indirecte (détournement, dégradation de réputation etc)
Comment faire pour que cette participation reste active sur le long terme ?
Déployer les 5 nouvelles technologies politiques décrites dans « egocratie et démocratie », pour insuffler plus de :
- Légimité dans laction de représentation
- Prédictibilité dans les conséquences des actions politiques sur la société
- connaissance dans les grandes questions
- utilité accrue de l’activité exécutive et législative
- agilité dans le cycle de prise de décisions
Pensez-vous que les institutions politiques ont une réelle volonté d’interagir avec les citoyens ?
Je pense que nos classes dirigeantes n’ont pas reçu la formation (et n’ont pas été aculturés) aux mécaniques participatives ou contributives. Leur mode de gouvernance issu des partis ou des écoles d’administration se déphase d’avec la société connectée un peu plus chaque année
Vous dîtes dans votre livre que lestentatives d’interactions avec les citoyens jusqu’à présent sont davantage administratives que politique, comment expliquez-vous cela ?
L’administration est régie par des règles simples de rentabilité. Tout ce qui peut optimiser son fonctionnement est considéré sans a priori. Alors que le politique est question de vision personnelle ou d’idéologie non démontrable (=parti-pris). On ne peut introduire du participatif en politique sans une croyance forte de son bien-fondé pour la société
Pensez-vous que les citoyens ainsi que les institutions politiques sont prêts pour ces avancées ?
Chaque élection nouvelle constitue une courbe d’apprentissage. Les critères que l’on pensait être les bons pour faire un bon président sont remis à jour à chaque fin de mandat. Peut etre qu’on arrivera à penser un jour que la croyance dans l’intéraction avec les citoyens est un critère nécessaire pour être un bon président
Selon vous quelle est la limite de ces technologies interactives ?
Il ne faudrait pas qu’elles tombent dans de mauvaises mains et soient détournées. Mais ça ne peut pas être pire qu’aujourd’hui où la participation est cesse dévoyée faute de cadre établi…
Chez TuttiVox, on essaye modestement avec l'application facebook àVoter lors des présidentielles www.facebook.com/aVoter de favoriser cette edemocratie.
Nous préparons d'autres appli pour mettre le pied à l'étrier de nos hommes politiques car le besoin d'edemocratie ne sera que croissant!
Rédigé par : Flo | 27/02/2012 à 15:28
"L’open data est une innovation qui peut devenir une nouvelle technologie politique, permettant aux représentants de se légitimer en rendant/publiant des comptes régulièrement, et qu’augmentant leur connaissance d’un sujet, autrement qu’en organisant des commissions parlementaires"
---> ???
---> LOL. J'ai compris, c'est un gag marketing, l'open data qui servirait à augmenter la légitimité et la connaissance des représentants sur un sujet.
Rédigé par : Jean-Marc | 01/03/2012 à 14:47
@flo : je suis en train de tester l'appli, c'est très pratique. Je vais en parler sur ce blog, merci pour l'information
@Jean-marc: merci pour le pointeur, je regarde la vidéo ce week-end et je réponds,
Alban
Rédigé par : alban | 09/03/2012 à 09:36
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