A l'occasion de la sortie du livre "Réseaux sociaux et entreprise : les bonnes pratiques" (de David Fayon et Christine Balagué), qui fait la part belle aux actions citoyennes sur les réseaux, j'ai interviewé pour vous son co-auteur (et ami).
1) David, tu viens de sortir chez Pearson le livre "Réseaux sociaux et entreprise : les bonnes pratiques", peux-tu nous parler de la genèse de ce projet ?
Avec Christine Balagué, il nous a paru naturel de poursuivre nos réflexions sur les réseaux sociaux après la parution de Facebook, Twitter et les autres… Nous souhaitions avoir une approche différente et complémentaire en étant tourné sur les projets en entreprise qui ont réussi et a contrario ceux qui ont échoué et en tirer des leçons qui puissent être transposables à d’autres entreprises et organisations. Cette pénétration des réseaux sociaux dans l’entreprise même récente avec la création du métier de Community manager permet à présent un certain recul critique.
Par ailleurs, nous souhaitions avoir une approche transversale et aborder les différentes directions de métier concernées par les réseaux sociaux, les RH, le marketing, le commercial, la communication, les outils spécifiques en interne, etc. Enfin, trouver un titre a été également amusant. Christine avait l’idée d’une saison 2 à l’image des séries du type Desperate Housewife.
2) Tu consacres deux chapitres aux réseaux sociaux et à la politique, notamment le chapitre 9 sur les ONG et le chapitre 10 sur les partis politiques, pourquoi ?
Effectivement, les deux derniers chapitres sont un peu en marge de l’entreprise, quoique. Pour le chapitre 9, les fondations pour certaines entreprises, pour défendre des causes constituent des actions de communication notables qui participent au développement des valeurs de l’entreprise au même titre que le développement durable par exemple. Enfin le chapitre 10 prend tout son sens avec le rendez-vous que la France s’est donné à elle-même en 2012. Et les politiques gagneraient à le consulter pour avoir un community management intelligent et tourné vers les citoyens/électeurs/contribuables.
Barack Obama n’est pas arrivé au pouvoir par hasard et les réseaux sociaux autour du pilier MyBarackObama.com ont constitué un véritable tremplin. Même si les partenaires sociaux peuvent également y trouver un intérêt. Je prends par exemple un syndicat qui a une présence numérique très perfectible. Bien qu’ayant un site, un compte sur Facebook et sur Twitter, la présence n’est pas uniforme ce qui complexifie et amoindrit sa visibilité.
3) Quels sont les grands enseignements de ce chapitre 10 ?
Pour faire simple, que la présence sur les réseaux sociaux ne s’improvise pas. Qu’il est nécessaire de bâtir au préalable une stratégie, d’avoir des messages à faire passer, d’interagir avec ses communautés pour co-créer dans le domaine de l’entreprise ou co-participer dans le cas de la politique à l’élaboration du programme.
Néanmoins, il est nécessaire de conserver un bon équilibre entre une démarche descendante qui part de la direction de l’entreprise (ou du parti politique) et une démarche ascendante qui provient des salariés ou des militants/fans/abonnés sur les réseaux sociaux. Plus que jamais, les mondes réels et virtuels avec les réseaux et plus largement les médias sociaux sont complémentaires et non en concurrence.
4) As-tu un exemple à nous donner qui incarne selon toi une best practices, peut-être méconnue, dans le domaine?
Je crois que l’analyse de la campagne de Barack Obama en 2008 synthétise les bonnes pratiques à avoir sur les réseaux sociaux : la collecte des fonds avec le principe de la longue traîne qui s’est vérifié – l’ensemble des petits donateurs a apporté une contribution majoritaire au financement de la campagne du candidat démocrate, le site MyBO et les liens avec l’ensemble des outils des réseaux sociaux (Twitter, Digg, MySpace qui devançait Facebook aux Etats-Unis à cette période, mais aussi Flickr et YouTube pour les aspects image et vidéo), la présence sur les réseaux sociaux de niche pour toucher et séduire les minorités ethniques, importantes aux Etats-Unis et attirer vers les urnes une population peu encline à se mobiliser, la viralité et la maîtrise du buzz avec des systèmes d’alerte, etc.
Reste à voir sa transposition sachant que les paradigmes culturels français et américains sont différents. Les Français ne vont pas, contrairement à nos amis d’outre-Atlantique brandir dans leur jardin ou sur leur balcon des drapeaux avec les camps PS ou UMP.
5) Enfin, comment articules-tu l'initiative très pratique de Renaissance Numérique avec The Social Nextwork avec cette pensée théorique ?
Les deux approches théoriques et pragmatiques sont à mener en parallèle. L’association Renaissance Numérique a proposé une initiative consistant à disposer d’un réseau d’internautes – un dans chacune des 577 circonscriptions – pour avoir des relais auprès des députés. A ce jour, un tiers des circonscriptions sont pourvues pour une première action d’envergure le 2 décembre prochain. Ceci permettra de tenir informé les parlementaires des enjeux du numérique (une action pour les sénateurs pourrait également être menée mais les députés paraissent plus proches des électeurs et au cœur des propositions de loi).
Partant du constat du retard numérique français comparativement à l’Allemagne ou au Royaume-Uni et considérant comme une erreur des usines à gaz telle Hadopi, le but est d’aider au développement des usages, de rassurer quant aux opportunités du numérique et de leur faire prendre conscience des recherches sur la nature et les causes de richesse des nations avec le numérique.
David, je te remercie ! meilleurs voeux de succès !
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