Je vous conseille d'écouter les deux interviews suivantes, les unes après les autres, et faites-vous votre propre avis... :
Tout d'abord, commencez par celle de David Munn, Vice Chairman d'EMI Music, accompagné d'Eric Kleptone (pas Clapton), un bootleger (remixer) anglais. L'interview est animé par John Batelle, et a eu lieu à la conférence sur le web2.0 http://web2con.com/.
L'interview est streamable ici (c'est la seconde présentation). Vous y entendrez David Munn expliquer de manière lucide selon moi que les revenus de la musique digitale étaient nuls il y a moins de 10 ans, qu'aujourd'hui c'est 12% du CA d'EMI, et dans 3 ans peut-être 25%. Il explique la grandeur du changement et la rapidité avec laquelle cette major doit évoluer. En outre, il revient très humblement sur l'expérience de l'album Gris (Grey Album) du DJ Danger Mouse (expliqué ici, question 7) où EMI avait fait saisir des copies d'un bootleg "pirate", au lieu d'y trouver une nouvelle source de création artistique commercialisable. Il déclare donc que 2 ans après, dans le cas d'Eric Kleptone par exemple, EMI reconsiderait à deux fois la question du bootleg et son aspect "pirate".
Il annonce également qu'il faut simplifier la chaine des ayant-droits pour simplifier les modes de rémunération (pour les webradios par exemple) et anticipe le développement du micropaiement (microreversement). Il détaille l'enjeu industriel pour les maisons de disques que représente la complexité croissante des univers artistiques, en terme de gestion des droits et des revenus, avec de plus en plus d'objets dérivés par artiste, et reconnait qu'il y a là une vraie source d'amélioration.
Bref, un vrai changement d'état d'esprit. La tonalité de l'interview me fait un peu pensé à un truc du style "alors David, vous voyez que finalement le piratage c'était pas si grave..." :).
MàJ: Philippe Astor propose une lecture similaire de l'interview, ici.
A côté de ça, j'ai écouté dans la foulée l'interview du président du SNEP, Christophe Lameignere, assis dans son bureau avec les disques d'or, et aussi Président de Sony BMG France.
Alors là, c'est tout, mais vraiment tout l'inverse, je comprends pas, ou plutôt, j'ai l'impression que C. Lameignere ne comprend pas, d'après les questions qu'il soulève. On a le droit à trop de déclarations préjugées aussi selon moi, dans ces vidéos:
(MàJ: sans doute, comme je l'ai expliqué à certaines personnes, cela vient-il des questions posées qui sont beaucoup trop polémiques, du style "pensez-vous que les maisons de disques sont inutles...", et ne permettent pas de développer une vraie réflexion non plus)
C. Lameignere explique, je cite:
- "On prend des risques, on reçoit 3000 ou 4000 maquettes dans l'année, on en signe 3 ou 4, c'est un risque personnel, un risque subjectif" : Mais le talent n'émerge-t-il pas de manière objective pour qui sait être à l'écoute du web et des stats de téléchargement ou d'échange sur les réseaux P2P. Du coup, ça éviterait aux Directeurs Artistiques d'atteindre le seuil de rentabilité d'un CD sur 10, non? (MAJ: pour une réflexion un peu plus longue et moins lapidaire sur la question, je vous conseille de lire les commentaires pour aller plus loin, avec le regard très argumenté de Borey, merci l'ami :)
-"les artistes autonomes arrivent a avoir (...) finalement une relation totalement directe avec le public, mais le public a besoin de relations bcp plus proches et l'intermédiaire est fait pour rapprocher le public de l'artiste, pas fait pour l'éloigner" : hum...
-ça c'est fort: "cette dématérialisation permet d'écouter cette musique de plus en plus, partout, de manière de plus en plus facile et de moins en moins chere, ça c'est énorme et c'est la base. Ensuite les intermédiaires, inutiles ou pas, doivent s'arranger pour que ça corresponde également aux attentes du public sur les conditions économiques de cette consommation de musique. Ca c'est un peu plus compliqué parce que le public lui meme ne sait pas comment il veut la consommer cette musique": hum, peut-être que l'observation des lead-users donne un éclairage plus limpide sur les attentes: les réseaux P2P n'ont-ils pas ouvert la voie aux kiosques légaux, n'ont-ils pas montré une nouvelle manière de consommer, de nouvelles attentes? Shawn Fanning, premier "pirate" et inventeur de Napster, ne travaille-t-il pas maintenant pour les plus grandes maisons de disques?
-Voici comment le Snep espère gagner de l'argent avec le digital et transformer le gratuit en revenus: "la mode elle est aussi ailleurs, allez sur itunes ou fnacmusic.com, parce qu'on a un bel appareil et qu'on a envie de le nourrir, et puis peu à peu, on se rend compte que la musique qu'on aime on a envie de l'acquérir, pas envie de la voler, ça va prendre du temps, ça va pas prendre 2 ans ou 5 ans". Quelle vision, quelle panache et quelle grande orientation pour prendre le virage du digital... Tout ça pour dire que comprendre la psychologie des utilisateurs est important, mais ne permet pas de bâtir une stratégie marketing :)
-"il y a bcp d'augures, de gens qui ont des boules de cristal (...) c'est pas qu'on les écoute pas, c'est que nous on a cette expérience du métier, on a donné notre vie à ça".
-une bonne réflexion quand meme: "les musiciens et les maisons de disque ont toujours évolué avec la technologie": alors, montrez-le encore plus s'il vous plait...
Oui Alban il a pas encore vraiment saisi le monsieur Christophe Lameignere.
allez encore 25% de baisse du CA dans les 2 ans qui viennent et il comprendra ou devra quitter son fauteuil.
Rédigé par : ignazio | 15/11/2006 à 03:35
Deux commerciaux au fin fond de l'Afrique, représentants en chaussures. Le premier envoie un fax à sa direction :
"Ils marchent tous pieds nus ; on ne vendra rien dans ce secteur".
Le deuxième :
"Envoyez renforts ; opportunité fantastique, tout le monde est pieds nus ici".
Rédigé par : all | 15/11/2006 à 09:30
"Dude, le talent émerge de manière objective pour qui sait être à l'écoute du web et des stats de téléchargement ou d'échange sur les réseaux P2P"
Le talent est objectif et statistique ????
Alban, vous êtes sûrs de ce que vous avancez ?
Rédigé par : Rémi | 15/11/2006 à 12:32
Pour un fois n'est pas coutume, je ne suis pas du tout d'accord avec tes critiques sur les propos de C. Lameignière... Je pense qu'il y a des préjugés des deux côtés aussi bien des acteurs de l'industrie du disque que chez les acteurs des nouvelles techno.
En ce qui concerne l'évolution des comportements de consommations ou d'écoute de la musique je comprend les craintes du Prés de Sony BMG. Les nouvelles technos évoluent vite et inventent sans cesse de nouveaux moyens de consommer...Est ce que cette évolution laisse le temps au consommateur de choisir le mode qui lui convient et de s'adapter? Quelque soit la réponse, cette évolution peut rendre instable tout modèle économique...
Globalement je partage le flou sur l'avenir de la musique.
Pour revenir aux signatures, un label est un aussi une marque de fabrique, une identité dans un genre et dans un style (cf.Blue Note, Hostile...). Certes une signature objective est gage de réussite mais développer un artiste est une affaire de passion et de goût qui restent eux subjectifs. Effectivement dans un modèle de cocréation ou le public produirait lui même l'artiste, le choix serait de fait objectif mais pas dans le cas d'un label.
Enfin bref, on en reparle de vive voix un de ces 4!
;-)
A+
borey
Rédigé par : Borey | 15/11/2006 à 13:17
POur ma part je suis très impressionné par le propos de M.Munn à propos du "Grey Album"... Cet inflexion serait-elle un signe précurseur de changement d'approche des questions de droits par les Majors...
Autre "signal faible" (que tu connais) : DJ Zebra qui joue "live" pour France Tel un bootleg (celui ci avec Cali http://rugbypioneers.multiply.com/journal/item/47)
dont je ne suis pas certain que le SNEP reconnaisse la légitimité...
Enfin je veux bien que "les musiciens et les maisons de disque [aient] toujours évolué avec la technologie", mais je remarque qu'entre un 78t et un CD, on en reste encore à 10 morceaux à la file indienne... pâle évolution...
Rédigé par : Frederic | 15/11/2006 à 16:25
@ Rémi et Borey :
En fait, ma remarque sur la subjectivité est la suivante:
Un Directeur Artistique va investir dans un artiste, parce qu'il pense qu'il a du talent (c'est son avis et ses goûts, subjectif par définition), c'est à dire que le public va aimer ce qu'il fait (et donc va partager la même subjectivité, donc tente de faire sortir sa subjectivité de lui meme, donc cherche à l'objectiver par définition). Les statistiques montrent d'un CD sur 10 est rentable, donc le Directeur Artistique a du mal à objectiver le talent 9 fois sur 10.
A l'inverse, avec les plateformes de découvertes musicales les plus récentes, les fans votent ou plébiscitent(sfr jeune talents, wat, myspace etc...) les artistes qu'ils trouvent talentueux et partagent donc ouvertement leur subjectivement. Sauf que lorsque 100 000 personnes trouvent subjectivement un artiste talentueux, on peut, objectivement, dire que le CD se vendra (sachant que le nombre de ventes de CD est l'échelle du talent pour les Majors, cf les disques d'or and co)
Fin de la démonstration.
Rédigé par : alban | 15/11/2006 à 16:32
@ Alban
Il ne faut pas oublier les facteurs essentiels que sont le temps et l'investissement, humain comme financier.
Dans votre démonstration, vous comparez l'avis d'un DA au plébiscite de milliers d'internautes. S'il s'agit de savoir si le titre une fois produit a des chances de se vendre, l'avis de milliers d'internautes est sans doute bien meilleur à celui d'un DA, vous avez raison !
Mais vous oubliez dans votre démonstration que le DA, outre le fait de choisir un talent en devenir, va investir et travailler avec l'artiste tant dans ses choix de répertoire que dans la production etc... Il va travailler en amont et apporter une valeur ajoutée au produit.
Votre démonstration n'est donc vraie qu'en aval, dans le cas où l'artiste a déjà le produit. Il n'a donc pas besoin d'un DA ou d'un producteur, seulement d'un distributeur...
C'est un truisme de dire qu'un artiste qui n'a pas besoin de producteur n'a pas besoin de producteur. Non ?
Rédigé par : Rémi | 15/11/2006 à 17:50
@ Rémi,
Pour toutes les raisons que tu évoques, mettre des morceaux en ligne au format MP3s pour trouver rapidement son public ne veut pas dire qu'on a pas besoin de producteur, non?
Le métier de producteur se résume-t-il à enregistrer au format numérique des morceaux home studio ou assimilés?
Par contre, le métier de producteur ne consiste pas à mes yeux à écrire des paroles de chanson oucomposer des morceaux non plus :)
PS : Dans tous les cas, mes remarques vont plus sur la manière dont les artistes sont choisis, que sur la façon dont ils sont ensuite aidé, accompagné et développé pour prendre une autre dimension etc... ce que je ne remets pas du tout en cause, au contraire, les maisons de disque ont un vrai savoir faire la-dessus.
Rédigé par : alban | 15/11/2006 à 17:56
@Alban
Merci pour ton raisonnement extrêmement intéressant mais à mon sens ta démonstration est trop orientée sur la rentabilité. Et comporte plusieurs « hic »… Attention les yeux car c’est un peu long… Désolé pour ceux qui ont la flemme de lire.
Pour reprendre ta phrase : « le public va aimer ce qu'il fait (et donc va partager la même subjectivité », je ne suis pas d’accord car une subjectivité ne se partage pas par définition (elle est propre à l’individu). De plus, le DA ne met donc pas à jour sa subjectivité, mais le talent de l’artiste en soi ! L’objet de la signature n’est pas la préférence du DA mais le talent en soi. (Oula on part dans la philosophie…) A noté que le DA n’est pas un simple amateur de musique. Il a des connaissances qui lui permettent de reconnaître les tubes de demain. Il a une sensibilité accrue.
Je voudrais souligner que justement le métier de DA est un métier où l’on doit se tromper. C’est l’essence même du métier que d’investir dans des talents. Un peu comme des investisseurs d’ailleurs…
Par ailleurs un DA certes choisi en fonction de ses goûts mais détecte également les futures tendances en fonction des préférences actuelles du public (préférences qui sont donc objectives). Et je t’assure que certains DA ne signe pas forcément parce qu’ils aiment (par mon expérience en maison de disques), ni parce que le public aime mais parce que le public aimera. Ex : Tribal King (oh mon dieu rien que d’écrire le nom j’en ai des verrues aux doigts)
On peut donc distinguer 3 raisons de signer un artiste :
Raison du DA :
Le DA aime = subjectivité pure
Le public aimera (les DA ont une sensibilité particulière, ils ont du flair, cf. l’exemple de Marc Lumbroso et des Choristes dans mon mémoire) = prévision future par l’observation des modes et des tendances actuelles.
Raison objectives:
Le public aime comme tu l’as démontré
Admettons que les maisons de disque signent uniquement les artistes plébiscités pas le public.
Combien d’artistes ont la chance d’être aimé par 100 000 personnes sur internet?
Combien de talents exceptionnels resteront dans l’ombre sans que le public ne le remarque avant qu’un DA ne le déniche ?
La viralité est certes un atout d’internet mais pas toujours car l’euphorie derrière un artiste plébiscité par les internautes peut cacher un artiste plus discret pas forcément adepte des nouvelles technologies (c’est un artiste pas un informaticien, à tort ou à raison)ou ne bénéficiant pas du buzz qu'il mériterait.
Les signatures seraient réduites à ce que la majorité aime et ne laisserait que peu de place aux artistes de talents occupants des styles niches. Le mérite d’une signature ne revient pas uniquement à la popularité d’un artiste sur Internet mais à son talent. En musique la démocratie ne doit pas être mis en place. On reviendrait alors à la crise de l’offre, décrite dans mon mémoire.
Ca me rappelle une critique d’un philosophe sur la démocratie. Il disait que certes, dans une démocratie, c’est le peuple qui décide…Seulement sait il ce qui est bon pour lui ? Pas toujours…
En musique, certains talents ne sont pas reconnus par le public par manque de valorisation. C’est au DA de les détecter et mettre à jour leur art !
Tu es très certainement en contact avec pas mal de gens du disque ou de la musique. Tu remarqueras que c’est avant tout un métier de passion. Le but n’est pas toujours de sortir un cd qu’un maximum de gens achètera mais de faire vivre l’artiste et la maison de disque.
..
J'ai également bloggé cela sur mon blog ;-)
Rédigé par : Borey | 15/11/2006 à 18:38
salut. C'est une discussion interessante car elle pose le problème de la selection.Il y a trois regards différents que l'on peut avoir sur une oeuvre ou un artiste et qui peut légitimer une carrière: 1.le regard objectif qu'est le regard technique: "Ce gars il a bossé et il a quelquechose..." 2. Le regard purement subjectif: "ça ne me touche pas".3. Le regard marketing: "ce truc là ça va se vendre". De sorte que vous pouvez tres bien dire pour un même artiste: "Ce gars n'y connait rien, techniquement il est nul, ça ne me plait pas du tout, mais ça va faire un carton commercial parceque ça me rappelle le titre le plus vendu de l'histoire: la danse des canards !" Dans une selection des artistes, le resultat va donc changer selon que vous accordez une place plus importante à l'un de ces trois critères.Pour etre un bon patron de maison de disque aujourd'hui au niveau de rentabilité qu'on leur demande, seul le critère marketing est à prendre en compte. les deux autres sont hors propos.Il est donc important comme le souligne Alban qu'il existe d'autres méthodes de selection prenant en compte les autres critères que sont les critères techniques et subjectifs.
Rédigé par : Philaxel | 15/11/2006 à 19:14
La vache vous vous êtes lâchés dans les commentaires !
Désolé j'ai pas tout lu...
Pour apporter un peu de piment à la discussion, je dirai qu'un des vrais + de la distribution numérique c'est :
- de limiter l'effet "remplissage" que l'on retrouve sur un album !
Il suffit d'acheter le ou les titres intéressants, le remplissage pour atteindre 10 titres sur un cd n'apporte rien ! Et rares sont les albums intégralement travaillés.
Message aux DA....
- de laisser le groupe choisir ses morceaux, ses sons, ses compositions, sans la contrainte "commerciale"
Concernant les réactions des Majors, je ne pense pas qu'aller à l'encontre des modes de consommation du marché soit une solution d'une intelligente et de deux économiquement viable !
Si ce type de réflexion avait été mené en temps et en heure ils n'en seraient pas là aujourd'hui !
Prenons mon exemple perso : il y a plus d'un an maintenant je découvre i-tunes et ses multiples mécaniques pour découvrir des artistes, des influences...
Je me fais une super liste de course avec plus de 50 titres.
Au moment de payer on me dit "désolé vous êtes sur le magasin US, il faut être résident US pour poursuivre votre achat"...
Ok, je vais sur le magasin français surlequel ne figurent que les "tubes", je ne retrouve donc pas mes titres favoris !
J'écris à I-tunes pour comprendre, ils m'ont répondu "désolé mais les maisons de disques ne savent pas gérer les reversements entre leurs filiales à l'international..."
Du coup je continue de télécharger la musique que j'aime par les seuls canaux qui m'offrent ce catalogue : le P2P...
Rédigé par : David J | 15/11/2006 à 21:21
Le problème dans le vote du public, et dans les systèmes style SFR jeune talents, c'est que plus un artiste est plébiscité, plus il aura tendance à être plébiscité.
Je m'explique : celui qui sortira du lot, c'est peut-être celui qui réussira à avoir la meilleure visibilité. Celui qu'on verra, c'est (en partie) celui qui sera sur la page d'accueil. Plus il aura de votes, et plus des gens voteront pour lui, car il gagnera en visibilité et en popularité au fur et à mesure des votes.
Le même problème risque de se poser par exemple avec Jamendo s'il reste tel qu'il est : si de plus en plus d'artistes viennent à s'inscrire sur Jamendo, on se retrouvera finalement avec des quantités de groupes parmi lesquels on aura du mal à se retrouver, et au final, seuls quelques uns sortiront réellement vainqueur.
C'est ce qu'un de nos profs au Celsa appelle (dans un autre contexte) l'infobésité : à force d'avoir de l'info en quantité, on finit par s'y noyer. Es-ce que ce n'est pas également valable dans ce cas ? Il faudra alors repenser l'organisation des sites existants pour assurer une bonne visibilité à un maximum d'artistes.
Autre question subsidiaire : les sites qui proposent de découvrir des talents mettent régulièrement en avant tel ou tel chanteur. C'est parfois une équipe éditoriale (celle de SFR, typiquement) qui décide de faire figurer tel ou tel groupe en home page. Ne font-ils pas alors office de DA ?
La question est très vaste, en effet. Le vote du public devrait rester ce qu'il est : un très bon indicateur, mais qui n'est pas exempts de limites.
Sur ce, je m'en vais écouter ...anabase* ^^
Rédigé par : Charlipouette | 15/11/2006 à 22:18
bcp de bonnes remarques par ici, je vais réagir au coeur de l'argumentation de Borey :
Selon toi mon ami, on peut distinguer 3 raisons de signer un artiste :
1) "Raison du DA : Le DA aime = subjectivité pure
Comme l'a démontré Philaxel, les logiques de rentabilité font qu'un DA ne signera pas s'il ne croit pas en le pouvoir de ventes d'un artiste (du moins dans les majors, peut-être moins chez les indé). En effet, l'étalon du succès de la filière musicale est le disque d'or. Un DA se voit-il remettre un prix et une augmentation s'il a déniché un super groupe talentueux qui fait 500 ventes?
2) seconde raison selon toi: "Le public aimera (les DA ont une sensibilité particulière, ils ont du flair, cf. l’exemple de Marc Lumbroso et des Choristes dans mon mémoire) = prévision future par l’observation des modes et des tendances actuelles."
En fait, transpose se raisonnement dans la peinture: si je te dis, dans 2 ans, le fait de peindre un cercle dans un carré sur une toile fera une oeuvre d'art qui vaudra 1M€. Tu devrais me répondre que ce raisonnement n'a pas de sens, non? ne crois-tu que le DA traditionnel ne va pas plutôt façonner les goûts plutôt que les anticiper? Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas, mais c'est un risque: combien de titres différents sont passés (en moyenne trimestrielle) sur les radios jeunes (ado, fun, kiss, nrj, scoop, skyrock vibration, voltage etc...) en 2005: 867 !!!! je vais le bloguer un de ces 4, ce sont les chiffres officiels de l'observatoire de la musique: http://rmd.cite-musique.fr/observatoire/etudes_.asp?cle_appel=D1
Enfin, 3) "Raison objectives:Le public aime comme tu l’as démontré"
On est d'accord :)
Puis tu dis :"admettons que les maisons de disque signent uniquement les artistes plébiscités pas le public.
Combien d’artistes ont la chance d’être aimé par 100 000 personnes sur internet?
Combien de talents exceptionnels resteront dans l’ombre sans que le public ne le remarque avant qu’un DA ne le déniche ?"
Alors, comme l'affirme C. Lameignere, il reçoit 3000 copies par an de 15 morceaux à écouter sur 220 jours ouvrés: ça fait 204 morceaux à écouter par jour, pour un ou deux DA.
Et pour toi, c'est plus démocratique et surtout plus efficace que 130 millions de personnes sur myspace qui écoute 3 millions d'artistes avec 4 morceaux chacun : mathématiquement, en 220 jours, si on compte que seul 30 millions (1/4) de personnes sont actives et notent UN morceau par jour, un morceau aura reçu 550 critiques en un an.
hum, quel est le système le plus efficace alors :) je polémique un peu, car on pourrait dire qu'une critique de DA=100 critiques de fans ou 1000 ou ... peut-être, il est juste important de reconnaître une certaine démocratisation de l'émergence du talent. Ce qui est loin de signifier que les maisons de disque n'ont plus de rôle à jouer! au contraire !
@charlipouette: ben, rien à redire :)
@David J: clair mon ami, sur ta frustration avec iTunes, là aussi j'aurais des stats à bloguer, coming soon
Rédigé par : alban | 15/11/2006 à 22:19
Ces discutions sont ultra intéressante:
attention alban ne transforme pas mes propos! Ne me fais pas dire ce que je n'ai psa dis! Je n'ai pas dis que l'écoute de maquette était plus démocratique que le choix du public... Surtout que j'ai écris "En musique la démocratie ne doit pas être mis en place".
Autre remarque, C Lameignière reçoit 3 000 copies par an. Comme tu dois le savoir Sony BMG n'est qu'en fait un regroupement de nombreux labels plus ou moins représenatifs de genre musicaux. Voici la liste: Columbia, Jive Epic, RCA Music Group, Vogue, Sony Bmg Media. Dans chaque label il y a un DA. Il n'y a donc pas uniquement un DA qui écoute les 3 000 maquettes. Ces 3000 maquettes sont répartir par genre aux différents labels. Enfin c'est ce qu'il me semble... D'autres part ton raisonnement est encore une fois quantitatif! Arrêtons d'évaluer le talent d'un groupe parce qu'il est apprécié par un nombre important de gens. Les Tribal King sont apprécié par beaucoup de djeunz et pourtant c'est du caca qui sent pas bon!
sinon autre remarque, preuve que certain DA anticipe les tendances sans les façonner: Zidane il va marquer de Cauet ou comment exploiter un événement comme la coupe du monde.
Ton contre exemple du tableau n'est pas valable puisqu'il n'est pas basé sur l'observation actuel des modes et tendances.
De plus, le développement de Pascal Obispo est un parfait contre exemple puis que ses premiers albums ont été des flops, il a fallu attendre le troisième il me semble pour qu'il connaisse un certain succès. Certains DA prennent encore des risques. Il y en a plein d'autres comme ça. De plus ce qui passent en radio n'est pas représentatif des signatures même si celles ci ont diminué. Et ce ne sont pas les DA dirigent radio. Au contraire eux essayer difficilement de faire passer leur artiste. Ce sont les programmateurs qui limitent la diffusion et qui façonnent les goûts...
Bon y a encore trop de chose à dire mais j'ai mal au doigt et je dois continuer à bosser sur mon livre. On reparle de vive voix si tu le veux bien, c'est plus pratique! lol
A+
Borey
Rédigé par : Borey | 15/11/2006 à 23:28
Ben voilà une discussion intéressante, avec des gens qui connaissent un peu la musique !
Ces métiers du développement d'artiste, de la production, de l'édition, du management... ne sont pas faciles à expliquer et encore moins à modéliser du fait que chaque expérience est unique. Chaque artiste est unique. En matière de musique, les études de marché ne fonctionnent jamais !
Et puis, attention à ne pas tout mettre dans le même sac, c'est différent de signer un Pascal Obispo en contrat d'artiste et de le suivre sur trois albums déficitaires et de signer une licence sur la BO d'un film déjà produit comme les Choristes avec un investissement minime (ce qui n'enlève rien au talent de Marc).
Il y a le flair, certes, mais il y a aussi le travail avec l'artiste, les rencontres que l'on génère, la persévérance, la stratégie de développement, les moyens financiers.
Et au delà, et c'est presque un autre métier, la promotion, le marketing et la distribution.
@ Alban
Je ne nie pas du tout que des médias comme MySpace prennent une place prépondérante dans la découverte de nouveau talents et leur développement. De la même manière, l'arrivée des radios FM dans les années 80 à bouleversé l'industrie du disque et a permis l'émergence de nouveaux artistes. D'ailleurs, Christophe Lameignère dit dans une des vidéos que ses DA bossent avec MySpace aussi.
Par contre, je ne crois pas qu'il soit possible avant longtemps de se passer de l'humain (qu'on l'appelle DA, manager ou éditeur...) pour permettre aux artistes de rencontrer leur public. Des exceptions il y en aura toujours, comme il y avait déjà l'autoproduction de disques... Mais fort heureusement MySpace ne sera pas le passage obligé des artistes du XXIeme siècle comme NRJ et les FM n'ont pas été le passage obligé des artistes de la fin du XXème.
La musique, c'est comme la mauvaise herbe, ça pousse toujours entre les pavés.
Rédigé par : Rémi | 16/11/2006 à 11:13