L'histoire retiendra donc que les amendements 219 et 221, au sujet de la défense de la copie privée, ont été abordés en ces termes
EXTRAIT ci-dessous, bien lire la dernière réplique de ce débat, celle de C. Boutin, Député UMP, s'adressant au ministre de la culture...
"M. Didier Mathus - Avec la révolution numérique, la copie
privée est devenue un droit, comme certains d'entre vous l'ont très
justement noté. En effet, elle sanctifie l'élargissement des échanges
de matière grise. À travers ce projet de loi, le Gouvernement la remet
en cause en en proposant l'interprétation la plus restrictive possible.
Depuis 1985, les industriels de la culture tentent d'obtenir la
disparition de la copie privée et ils œuvrent en ce sens à
Bruxelles alors que se tiennent des négociations sur la nouvelle
version de la directive sur les droits d'auteur. Leur prêter main forte
n'est pas une bonne action.
Pourquoi ? Parce que contrairement à ce qui
a été affirmé, point n'est besoin de sauver le marché du disque. Pour
preuve, quelques chiffres. De 2003 à 2004, le résultat d'exploitation
d'Universal Musique est passé de 70 à 338 millions d'euros. Les
bénéfices réalisés par Warner Music se sont élevés à 36 millions de
dollars en 2005. La même année, Sony BMG - cette société qui n'a pas
hésité à verrouiller ses CD avec des DRM, potentiellement destructeurs
pour les PC - a réalisé un bénéfice de 21 millions de dollars. EMI a
également eu de bons résultats l'an passé.
M. Jérôme Lambert - Bref, les lobbies ne manquent pas d'argent !
M. Didier Mathus - Notre mission de députés n'est-elle pas de trouver un compromis entre les revendications de ces acteurs et l'intérêt général, celui des internautes ? Je me souviens de la devise romaine debellare superbos et parcere subjectis, combattre les puissants et épargner les faibles. Ce devrait être parfois celle des députés et de l'Assemblée nationale ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste)
M. Christian Paul - Monsieur le ministre, nous ne vous accompagnerons pas dans ce voyage au bout de nulle part que vous nous proposez avec constance depuis le mois de décembre. La voie que vous proposez est une impasse. Pour des raisons de forme et de fond, nous serons amenés à saisir le Conseil constitutionnel et nous réfléchissons à l'abrogation de ce texte dès la prochaine législature.
M. Jean-Charles Taugourdeau - Ah !
M. Christian Paul - Venons-en à la reconnaissance du téléchargement en tant que copie privée. Monsieur le ministre, dans une tribune publiée dans Le Figaro, vous avez déclaré : « Je veux un internet libre pour les consommateurs... » - or, il est furieusement verrouillé et l'est chaque jour davantage - « ...et un internet équitable pour les artistes ». Ce que vous appelez ainsi s'apparente, je vais vous le montrer, à un « internet prédateur ». Pour les besoins de la démonstration, j'ai fait réaliser un schéma que je tiens à la disposition de l'Assemblée.
M. Jean-Charles Taugourdeau - J'espère que nous en avons un exemplaire dans chacun de nos casiers !
M. le Président - Vive les nouvelles technologies !
M. Christian Paul - Télécharger un morceau de musique coûte 99 centimes d'euros. Sur cette somme, 6 à 7 centimes sont versés aux auteurs, 3 à 4 vont à l'interprète principal mais rien aux accompagnateurs, 66 centimes au producteur et 16 centimes reviennent à l'État sous forme de la TVA. En effet, vous n'avez pas été capable d'abaisser la TVA à 5,5 % comme cela était demandé par toute la filière musicale...
M. Pierre-Christophe Baguet - Et l'UDF !
M. Christian Paul - 80 % de ce marché sont tenus par les plateformes commerciales, au premier rang desquelles iTunes d'Apple. Et, pour rentabiliser cette activité, Apple a créé l'iPod, le baladeur numérique. Double prédation sur la musique et le marché des baladeurs, qui s'exerce au détriment des artistes et des consommateurs. Vous plaidez avec une parfaite mauvaise foi depuis des mois pour la diversité...
M. le Ministre - Qui a gagné à l'UNESCO ?
M. Christian Paul - En France, ces plateformes musicales ont représenté 20 millions d'euros en 2005. Nous vous proposerons, par un amendement à l'article 2, un mécanisme de financement de la filière musicale par l'internet qui représente dix fois ce chiffre. Voilà le véritable enjeu ! De plus en plus d'artistes se rallient à cette suggestion. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les sociétés de gestion de droit ont intenté des procès ces dernières années aux plateformes.
M. Patrick Bloche - Cet article 2 me plonge dans la plus grande perplexité. Pourquoi ? Son titre, « exceptions aux droits voisins relatives aux dispositifs techniques provisoires ou au bénéfice des personnes handicapées » est la réplique exacte de celui de l'article premier, sauf qu'il concerne les droits voisins et non plus le droit d'auteur. Or, il se trouve que le Gouvernement, par l'amendement 272, a ajouté deux autres exceptions aux deux initialement retenues - l'une pour la reproduction provisoire présentant un caractère transitoire ou accessoire qui n'était pas nouvelle et l'autre en faveur des handicapés. J'en profite pour souligner combien nous regrettons que la France ait retenu l'interprétation la plus restrictive de la directive en Europe avec la Grèce. Le texte communautaire ouvrait la possibilité de dix-sept exceptions...
Mme Martine Billard - Vingt !
M. Patrick Bloche - Bref, vous avez ajouté une exception en faveur des bibliothèques et des services d'archives accessibles au public, utilement précisée par un amendement de l'opposition, et une autre en faveur de la presse dont nous serons amenés à reparler puisqu'elle fait l'objet de contestations en raison d'une concertation insuffisante.
Mais se pose un problème de cohérence entre l'amendement 272 voté cet après-midi qui comporte quatre exceptions et cet article 2 qui n'en comporte que deux - comme c'était le cas de l'article premier du texte dans sa version de décembre. Pourquoi les exceptions seraient-elles plus restrictives pour les droits voisins ? Cette incohérence est bien la preuve qu'il aurait fallu revoir tout le texte de manière approfondie. Quel amateurisme, Monsieur le ministre ! Vous n'avez même pas été capable d'adapter l'article 2 de façon à établir un parallélisme avec la nouvelle version de l'article premier.
M. Jean Dionis du Séjour - Quel nouveau modèle économique souhaitons-nous en matière de diffusion de la culture et de rémunération des créateurs ? Le débat ne se réduit pas à l'alternative caricaturale entre licence globale et plateformes payantes. Même s'il comporte une dimension d'échange gratuit, internet est aussi un espace marchand. Hélas, les plateformes commerciales actuelles sont trop chères et leur catalogue est trop limité. La répartition des droits aussi doit être revue dans le sens d'une plus grande équité. Et c'est tout à fait possible : preuve en est celle intervenue entre producteurs et diffuseurs pour le cinéma, aujourd'hui beaucoup plus équitable. Les frontières peuvent bouger, notamment du fait de la concurrence...
Mme Christine Boutin - Soyez sûr qu'elles bougeront.
M. Jean Dionis du Séjour - Plutôt que d'instituer une nouvelle taxe, on ferait bien de se préoccuper des conditions de concurrence entre les différentes plateformes.
La réponse au piratage réside dans la gestion des droits et les mesures techniques de protection. Il faut donc avancer dans cette voie, tout en garantissant le respect des logiciels libres. Nous y reviendrons. En matière de contrôle et de répression, il convient de prévoir des sanctions graduées tout en préservant les libertés individuelles. C'est tout cet ensemble, solide, de dispositions qui fonde un nouveau modèle économique de diffusion de la culture et auquel je donne, pour ma part, sans hésitation la préférence par rapport à la licence globale.
M. Christian Paul - Les plateformes commerciales actuelles d'internet sont prédatrices car c'est Apple seul qui a en fixé l'économie, alors qu'il se rémunère sur la vente de ses baladeurs numériques.
Mme Christine Boutin - L'amendement 219 substitue dans le premier alinéa de l'article L. 211-3 du code de la propriété intellectuelle le terme « titulaires » au terme « propriétaires ». Plus précise, cette formulation traduit une philosophie selon laquelle le titulaire du droit en est le détenteur et non pas seulement le bénéficiaire indirect.
M. Christian Paul - L'amendement 221 rectifié est identique. La loi doit reconnaître que le téléchargement relève de la copie privée. La jurisprudence tranche d'ailleurs en ce sens. C'est la preuve que les magistrats ont trouvé, eux, le bon point d'équilibre en tenant compte des évolutions de la société, contrairement au Gouvernement qui, aveugle à ces mêmes évolutions, privilégie une hyper-marchandisation de la culture. Internet ne sera demain équitable que si y est garantie une rémunération équitable aussi bien pour les interprètes que pour les auteurs, avec un prélèvement sur les fournisseurs d'accès et une participation des internautes.
M. le Rapporteur - Ces amendements se présentent tels des icebergs. Leur partie émergée n'a rien d'effrayant, avec la reconnaissance du droit à la copie privée - nous y reviendrons à l'article 8 du texte. Mais leur partie immergée est beaucoup plus redoutable, en ce qu'elle assimile le téléchargement à une copie privée, ce qui n'est pas acceptable. En effet, cela ruinerait les droits d'auteur et nuirait à la bonne exploitation desœuvres. Nous y sommes donc défavorables.
M. le Président - Je suis saisi par le groupe socialiste d'une demande de scrutin public sur l'amendement 221 rectifié.
M. le Ministre - Le 20 octobre 2005, soit trois ans après la déclaration du Président de la République à Johannesburg, était adoptée à l'UNESCO la convention sur la diversité culturelle. Cela a été une grande victoire de faire reconnaître, après trois ans de travail, que les œuvres de l'esprit ne sont pas des marchandises comme les autres. Si dans les semaines à venir, l'Union européenne donne son aval au système d'aide français au cinéma, notamment aux crédits d'impôt prévus pour la production audiovisuelle et demain phonographique, nous le devrons à cette convention.
M. Christian Paul - Un peu de modestie, je vous prie !
M. le Ministre - Le mépris que vous affichez pour toute une partie de l'activité culturelle est édifiant.
M. Patrick Bloche - C'est honteux !
M. le Ministre - Dans l'activité culturelle, une part a trait à la liberté de l'esprit, une autre à l'activité économique. Et il ne faut négliger ni l'une ni l'autre.
S'agissant des nouvelles offres, la querelle n'oppose pas les Anciens et les Modernes. Chacun souhaite ici qu'une offre nouvelle se développe, pas nécessairement commerciale, mais légale. Ne caricaturez pas notre position en prétendant que nous privilégierions les aspects commerciaux. L'offre doit être la plus diversifiée possible. À cet égard, nous pouvons être fiers de l'accord profondément novateur conclu pour la VOD entre les fournisseurs d'accès à internet, le monde du cinéma et le monde de la télévision, qui respecte la chronologie des médias. Nous allons enfin passer d'une offre illégale, attractive de ce seul fait même, à une vaste offre légale, diversifiée et assurant une rémunération équitable des créateurs. Les deux amendements en examen dérivant, eux, du concept de licence globale, je ne peux qu'y être défavorable.
M. Patrick Bloche - Nul ne pourra contester ici que nous nourrissons le débat de fond. Mais pour qu'il y ait un réel débat de fond, encore faudrait-il que nous obtenions des réponses à nos questions. J'ai interrogé tout à l'heure le ministre sur l'incohérence entre l'amendement 272 et l'article 2. Monsieur le ministre, répondez-nous, ne serait-ce que par respect et fût-ce pour nous dire que le problème sera revu au Sénat ou ici en deuxième lecture, puisque vous vous êtes engagé à ce qu'il y en ait une. Répondez-nous, Monsieur le ministre !
M. le Ministre - Il n'y a pas de droits voisins pour les imprimés.
Mme Martine Billard - Je suis tout de même un peu étonnée. Que viennent faire la défense des droits des producteurs et la rémunération de l'ensemble de l'industrie du secteur culturel dans l'article 2 sur les droits voisins ? Et pourquoi ne retrouve-t-on pas en revanche, pour les droits voisins, l'exception dont bénéficient les bibliothèques pour les droits d'auteur ?
M. Patrick Bloche - Cela promet des contentieux !
Mme Christine Boutin - Vous savez tout le respect et toute l'amitié que j'ai pour vous, Monsieur le ministre, mais je dois vous dire que ce débat est pour nous très douloureux. Je vais me taire beaucoup, mais j'aurais beaucoup à dire ! Je n'ai pas compris votre réponse, ni celle du rapporteur. Quant à la querelle des anciens et des modernes, je crains qu'elle ne dure tout au long de ce débat, car les réponses que vous proposez sont adaptées aux règles du jeu du XIXe et du XXe siècles, pas à celles de l'internet et du numérique. Vous pensez contrôler internet ? Fadaises ! Je ne veux pas être complice de cette farce.
Incroyable, jamais de ma vie je n'aurais pensé être un jour d'accord avec Christine Boutin...
Enfin bon, je le répète, je pense que nous sommes loin d'avoir entendu le fin mot de cette sinistre affaire :-)
Rédigé par : seber | 10/03/2006 à 15:01
C'est vrai que quand elle dit: "Vous pensez contrôler internet ? Fadaises ! Je ne veux pas être complice de cette farce." C. Boutin, ça fait réfléchir...
Rédigé par : alban | 10/03/2006 à 15:14
Il n'y a que 56 personnes dans l'hémicycle pour voter...
L'opposition compte plus de 150 députés. Si un peu plus de députés de gauche (et de droite) se mobilisaient discrétement ils pourraient mettre un peu plus de pagaille dans ce projet de loi. Au moins pour un soir.
Rédigé par : Aurélien | 10/03/2006 à 20:30
Hello! edddkdd interesting edddkdd site! I'm really like it! Very, very edddkdd good!
Rédigé par : Pharma799 | 17/02/2013 à 19:54
Very nice site! cheap viagra
Rédigé par : Pharmb815 | 17/02/2013 à 19:54
Very nice site! [url=http://ypxoiea.com/qyxvxq/2.html]cheap cialis[/url]
Rédigé par : Pharmk874 | 17/02/2013 à 19:54
Very nice site! cheap cialis http://ypxoiea.com/qyxvxq/4.html
Rédigé par : Pharma653 | 17/02/2013 à 19:54
Very nice site!
Rédigé par : Pharmc90 | 17/02/2013 à 19:54
Very nice site! cheap viagra , cheap viagra , cheap viagra , cheap viagra , cheap viagra ,
Rédigé par : Pharmf604 | 17/02/2013 à 19:54
You keep it up now, undretsand? Really good to know.
Rédigé par : Lonitra | 02/04/2013 à 09:22