La stratégie des labels les plus importants évolue vers le lancement décalé de singles ou d'album suivant le support. Simple argument économique et/ou moyen de faire face à l'hétérogénéité des besoins expériences musicales?
J'évoquais dans un précédent post la sortie du dernier single de Johnny Hallyday (chez Universal) d'abord sur mobile sous forme de sonneries, avec deux mois d'avance sur la sortie CD. D'un point de vue strictement économique, cette initiative parait logique car la qualité dégradée du morceau au format court de sonnerie (et donc la propension à l'acheter) est compensée par le caractère exclusif de posséder le morceau avant les autres. Cet argument est à demi valable, car beaucoup de sonneries se vendent en ce moment même sans être des "exclusivités"... mais disons que la sortie anticipée sur mobile peut continuer à renforcer l'intérêt pour ce type de produits et le désir de payer 2€ pour l'avoir.
Autre initiative intéressante, et révélant à mon avis une véritable tendance de fond, est la mise à disposition (notamment par EMI) de morceaux sur les plateformes de téléchargement ou chez les opérateurs mobiles, non plus au moment de la sortie officielle du CD, mais au moment du premier passage à la radio ou la première diffusion dans les médias: Ce fut le cas pour les nouveaux titres de Cali ("Qui se soucie de moi") ou de Depêche mode ("Precious").
Ainsi les plateformes de téléchargement trouvent une nouvelle valeur par rapport au P2P en proposant les MP3s avant leur rippage et leur mise à disposition sur les réseaux de P2P. Cette stratégie montre qu'EMI a intégré la logique du P2P qui veut que pour qu'un morceau s'échange au format MP3, il faut au préalable qu'il soit sorti sur CD, puis que quelqu'un le rip. Ainsi en retardant la sortie du CD et proposant les morceaux en exclusivité en téléchargement payant, on passe d'une attitude passive face au P2P, à une attitude pro-active: les labels devancent dans une certaine mesure la mise à disposition gartuite, et augmentent la propension à payer pour un MP3 qui devient exclusif car introuvable gratuitement sur les réseaux de P2P, du moins durant un "laps" de temps de plus en plus court.
Dans le même ordre d'idée, on peut imaginer la sortie d'un album au format CD traditionnel, puis quelques semaines plus tard en DVD audio avec des bonus, un making off, et une qualité dolby 5.1. Pas sûr que tous les fans achèteront les deux produits (et que les éditeurs fassent deux fois plus de ventes), mais ce n'est pas tant la question à mes yeux. Pour moi, en jeu est la capacité pour le fan à se construire une expérience musicale sur mesure, et à pouvoir s'impliquer dans l'univers de l'artiste à sa vitesse, à sa manière, grâce à une large gamme de supports et de contenus à disposition.
Génial,
Merci pour le décryptage.
Je constate que nous attaquons le problème par deux angles différents d'ou une certaine complémentarité possible.
Rédigé par : Leafar | 13/09/2005 à 02:13
Merci Alban pour ce résumé.
Concis et éfficace; je rajouterai que l'avenir sera éffectivement dans l'hybridation des modèles économiques grace à la prise de conscience du nouveau statut du consommateur qui devient un Nodial;
On commence à sortir de la nuit. Serrons nous les coudes;
UNITY
Rédigé par : ignazio lo faro | 13/09/2005 à 19:35
Ooop's je ma tropé d'article;
Cette réponse est à placé dans le résumé que tu as fait de la conférence P2P.
désolé. Jsuis trop speed.
Rédigé par : ignazio lo faro | 13/09/2005 à 19:38