Suite à mon article sur ratiatum sur le modèle économique du B2 [P2P] 2B, on m'a demandé s'il n'y avait pas d'autres artistes (hors Fiona Apple et DJ Danger Mouse) qui utilisent le P2P de manière efficace (question de Sylvain de Jamendo). Je vais vous citer Louise Attaque, en reprenant un commentaire d'un des lecteurs de ce blog (merci Hugues Cholez):
"Il y a 7 ans, des copains avaient monté un groupe qui commençait à bien tourner, les Louise Attaque. Un fan avait enregistré un concert et l'avait diffusé en MP3 sans leur accord sur son site. Leur maison d'édition voulait le poursuivre mais eux voulait réfléchir à une solution non-représsive. Très rapidement, on a décidé de demander au fan de retirer le MP3 de son site et avons proposé à l'ensemble de leur fans de télécharger gratuitement et légalement 6 MP3 de titres inédits des Louise. Il s'agissait de la 1e exploitation officielle du MP3 en France. Nous avons reçu des dizaine de milliers de messages de remerciements sur le site www.LouiseAttaque.com, le groupe a gagné la sympathie et le respect d'un très large public et leurs 2 albums se sont vendus à des millions d'exemplaires.
4 ans plus tard, une partie des Louise Attaque monte un projet parallèle, Ali Dragon. On réfléchit ensemble à l'évolution de la musique et à ce nouveau phénomène, le P2P. On décide d'utiliser au maximum l'extraordinaire potentiel de diffusion de cet outil. On balance 3 titres en MP3 sur Kazaa avec des mots clés permettant aux fans des Louise ou de Noir Désir de tomber dessus et de basculer sur le site officiel. 20 000 personnes découvrent ainsi ce nouveau groupe en quelques semaines. Pourtant le disque ne se vend qu'à quelques dizaines de milliers d'exemplaires, bien en-dessous de ce qu'on espérait…"
Le B2 [P2P] 2B n'est donc pas encore totalement efficace, mais je pense qu'il s'agit d'une piste de réflexion qui vaut la peine d'être creusée. Pour en finir avec cette question, je vous recommande le commentaire de mon ami Philaxel, ici.
Bonjour Alban,
Bitoupitoupitoubi, c'est un peu compliqué comme acronyme. Et de mon point de vue, il manque encore un petit toussi au bout, histoire de générer quand même un peu de chiffre d'affaires au terme du processus.
Plus globalement, je crois que l'intérêt de ce concept est de nous questionner sur la manière de faire rentrer le P2P dans la chaîne de valeur de l'industrie musicale, en passant éventuellement par une phase de co-création de valeur. Co-créer de la valeur en remixant des morceaux originaux, je veux bien, mais c'est assez limité comme perspective en terme de marché. Il peut y avoir également co-création de valeur dans le fait de consacrer dans l'environnement P2P l'émergence de nouveaux artistes et je crois beaucoup plus à cette idée.
Seul problème, les outils (et les bonnes pratiques) marketing dans ce domaine sont encore toutes à inventer. Et cela ne nous dispense pas de régler la question de la gratuité, ou du moins, de déterminer comment encadrer cette dernière, de manière à ce qu'elle ne nuise pas, en définitive, à la création de valeur tout court.
Rédigé par : Philippe Astor | 02/09/2005 à 12:00
Merci Philippe pour cet éclairage,
Effectivement, dans le système de création de valeur actuel, il pourrait manquer au B2P2P2B un chaînon avec une transaction fiduciaire. A moins que la valeur vienne d'une expérience musicale co-créée, impliquant plein d'échanges divers, et pas seulement un échange d'argent (comme une vente). Une chose est sûr, un morceau qui transite par une communauté, et se bonifie à travers ce passage (ex: création d'un univers autour du morceau tel une galaxie de sites internet qui le relaie), crée de la valeur.
Je travaille à un moyen de chiffrer tout ça, pour mieux passer de la théorie à la pratique. Disons que B2P2P2B est une image, une ligne directrice pour donner corps à cette co-création de valeur...
Merci de ta visite sur le blog,
A.
Rédigé par : alban | 02/09/2005 à 13:45
il y a aussi l'album de CCC avec le très bon remix de l'album Revolver des Beatles
Rédigé par : Charles Nouÿrit | 06/09/2005 à 15:27