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01/02/2005

Commentaires

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Bonjour Alban,

j'ai beaucoup apprécié ton analyse de la situation du P2P et des réactions des industriels. Le concept de co-création est une superbe découverte.

Pour ma part, j'avais une autre analyse. Elle complète probablement la tienne.

La liberté (qui aurait paru incroyable il y a encore une vingtaine d'années) que donne internet, sur les différents plans des informations évenementielles et politiques, de la pensée individuelle, de l'association des gens entre eux (citoyens comme malfaiteurs), cette liberté n'est pas tolérable pour bien des gens qui détiennent une portion de pouvoir.

Depuis quelques années, il y a un sévère retour de bâton qui vient principalement, comme chacun le sait, des USA après avoir fait croître eux-même l'instrument internet.

Le schéma est bien connu: pour faire passer une pratique impopulaire, on commence par la rendre sexy puis les gens l'adoptent volontairement et même sont d'accord pour payer ce qui les privent d'une partie de leur liberté.

Exemple: les premiers essais nucléaires américains étaient particulièrement impopulaires. Le gouvernement les a pratiqués sur les îles Bikinis et a fait ce qu'il fallait pour que ce mot soit synonyme d'érotisme en favorisant la ligne de maillots de bains deux pièces pour jeunes filles. Lesquelles pouvaient éventuellement mieux montrer leurs poitrines "atomiques", etc.

Actuellement, Internet a rendu sexy l'ordinateur en réseau. La plupart des accrocs du net sont également accrocs au téléchargement de photos érotiques, de films pornos et de musique. C'est-à-dire de plaisir, d'orgasmes… En érotisme (comme en musique), le choix semble absolument illimité et peut paraître parfois plus attractif qu'une relation réelle de couple.

Nous avons donc maintenant tous ou presque un ou plusieurs ordinateurs connectés dans nos logements. Nous les avons achetés fort cher; comme tout produit industriel, leur obsolescence programmée nous oblige à les renouveller fréquemment, nous rendant un peu plus dépendants d'un investissement à rentabiliser.

L'objectif final de toute cette organisation à échelle mondiale me semble:
- de financer l'infrastructure très lourde de la mise en réseau en tous points de la planète
- de favoriser la communication à bas coût pour les multinationales
- de créer un outil pour contrôler chaque individu, chez soi, en-dehors de chez soi (grâce au téléphone portable), à son travail.

En France comme à l'étranger, après le formidable prétexte de la guerre contre le terrorisme et les lois liberticides et anti droits de l'homme sur la sécurité, l'industrie musicale me semble ne servir actuellement que d'éclaireur pour tester les outils de contrôle et les limites de ce que les populations sont prêtes à accepter.

D'ores et déjà un email est plus transparent qu'une lettre postale, il est par exemple devenu impossible de transmettre de Grèce un email comprennant dans son titre le mot de la province de "s a l o n i q u e" à cause de de la juxtaposition de deux mots interdits "s a l o" et "n i q u e". Alors que cela n'aurait aucun effet d'envoyer le même texte dans une enveloppe postale. Ca c'est la censure classique et bien présente.

Mais il y a aussi l'éclatement de la sphère privée par l'explosion à tous publics des informations sur soi par le biais des moteurs de recherche (comme recherche policière mais en plus convivial) et spécialement du plus efficace d'entre eux, Google.

Exemple: Rien que pour ma petite personne, j'ai droit à 10 pages de ce moteur de recherche. On y retrouve des textes de mails passés dans un yahoogroupe (comment est-ce possible ?), des signatures de pétitions, des articles que j'avais passés dans des réseaux plus ou moins confidentiels, des invitations à mes balades en forêt, des infos à la fois sur mes activités antinucléaires et pour promouvoir un système de proportions en architecture et en urbanisme. Tout mon passé est étalé en 10 pages de liens. Ce n'est d'ailleurs plus la peine de postuler à un quelconque emploi car il y a là de quoi me rendre suspect pour le moindre petit chef un peu méfiant. Par mes activités sur la toile, je suis fiché non pas seulement aux Renseignements Généraux français mais auprès de tous les services des Renseignements Généraux du monde entier, auprès de tous les employeurs, de toutes les femmes et de tous les hommes curieux de savoir qui je suis, bref du public mondial. Pour me rassurer et pouvoir dormir la nuit, je me dis que c'est devenu une partie de ma notoriété et que je n'ai désormais pas intérêt à cacher à quiconque une de mes actions sous peine de passer rapidement pour un sacré menteur, puisque tout ou presque est devenu contrôlable sur Google.

Big Brother est introduit désormais chez chacun d'entre nous. Son efficacité maximale n'est qu'une question de temps et de mise au point des outils. Cela vient.

Dans ce contexte, l'épisode soi-disant douloureux de la musique en ligne ne me semble être qu'un passage râté d'une industrie qui préfère se cantoner à conserver frileusement ses privilèges et ses manques d'ouverture tant artistique qu'intellectuelle. Le pouvoir politique en place profite de l'aubaine d'une crise bien relayée par les médias pour passer progressivement à l'acte répressif.

Pour ce qui est de la co-création dont tu parles, j'aimerais bien lire ton livre en français, mais d'après ce que j'en ai compris, cela va dans deux sens:

- Le premier, que tu préconises, étant donné ta formation HEC et ton milieu socio-professionnel, va dans le sens de conforter le désir du marché qui nous amène imperceptiblement mais sûrement à Big Brother.

- Le second, que je préconise, étant donné mon militantisme et mon milieu socio-psychologique, se rapproche de la "consom'action" décrit par Jean-Pierre Rimsky-Korsakoff, secrétaire du MAPIC - Mouvement "Appel pour une insurrection des consciences". Chaque acte de consommation est un acte politique au sens philosophique. Donc, chaque consommateur, dans ses choix, a un pouvoir politique qui devient considérable avec le nombre. Cette pratique représente également une partie croissante du marché, proche de l'altermondialisme et de la responsabilisation citoyenne vis-à-vis des générations futures.

Avant l'émergence d'un contrôle total du style de ce que Microsoft avait projeté avec Paladium, Internet permet encore l'organisation d'énormes mouvements d'opinion indépendants des pouvoirs en place.

Je mets en place actuellement un projet d'entreprise de construction écologique qui inclut l'association de ses consom'acteurs. C'est une forme de co-création. Je sens une jonction de ces deux concepts sans que cela soit encore bien clair dans mon esprit.

A bientôt,

Régis

Regis,
En voila une analyse interessante et, comment dire... originale ! J'aime bien lire des idees qui sortent de l'ordinaire: elles ne sortent de l'ordinaire d'ailleurs que tant qu'elles ne se sont pas verifiees, a nous d'anticiper celles qui vont se verifier, et les autres...
Il est probable que je te contacte bientot pour discuter un peu, ton point de vue est interessant et nous permettrait de clarifier nos idees.
Bon courage dans ton initiative ecologique dans tous les cas,
Alban

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